Ces petites flèches qui tournent dans tous les sens nous font perdre un peu la tête. En tant que graphiste, notre rôle est de les comprendre et de les intégrer esthétiquement et intelligemment au packaging. Je vous propose que nous décryptions ensemble les principaux pictogrammes de recyclage présents sur les emballages et les produits.
Pictogrammes de recyclage : les règles selon les pays
Pour notre plus grande joie (*ironie*), il n’existe aucun règlement international en matière de pictogrammes “verts” et très peu de normes au niveau européen. Nous les attendons avec impatience ! En attendant, il faut se débrouiller pays par pays avec des législations en matière de logos de recyclage qui changent toutes les semaines.
La Belgique reste un peu à la traîne par rapport à la France en matière de communication et technique sur le recyclage. Malgré tout, même en France, la lecture des pictogrammes de recyclage reste floue pour la majorité des consommateurs.
1. Le plus ancien des pictogrammes de recyclage : le ruban de Möbius
Appelé aussi boucle ou bande de Möbius (nom du mathématicien qui l’a identifié), il indique que l’emballage est recyclable (selon la norme ISO 14021) ou a été créé à partir de matériaux recyclables.
Ce symbole, qui représente l’infini, est utilisé depuis 1970 comme pictogramme universel de recyclage pour inciter les consommateurs au tri sélectif des déchets.
Lorsqu’un pourcentage est indiqué au milieu, cela signifie la part de matériau recyclable qui a été utilisé pour sa conception.
Attention, il ne faut pas confondre ce pictogramme basé sur le ruban de Möbius et le Point vert.
2. Le Point vert : le pictogramme éco qui n’en est pas vraiment un
Vous pensiez que ces deux flèches entrelacées indiquent le caractère recyclable/recyclé du matériau d’emballage ? R-at-é !
Ce pictogramme indique que l’entreprise qui l’a apposé a payé une contribution à l’organisme qui gère le tri et le recyclage des déchets. En Belgique, il s’agit de FOST Plus, et en France c’est Citéo.
Avouons-le, les plus avertis tomberaient dans le piège. Le Point vert se fait donc de plus en plus rare et tend à disparaître au profit de Triman. En France, le Point vert est même interdit depuis 2021.
3. Triman : le vrai pictogramme de recyclage
Triman, c’est comme Superman, mais pour les déchets :
Il a un petit air de ressemblance, non ? 😉
Ce Super Héros du recyclage informe les consommateurs sur le caractère recyclable du produit (vêtements et chaussures, pneus, emballages, meubles et produits en papier). La seule exception est les emballages de boisson ménagers en verre.
Créé en 2015 et fortement conseillé depuis lors, ce pictogramme de recyclage a été rendu obligatoire en France en janvier 2022.
Qu’il soit composé d’une ou plusieurs matières, Triman est complété par des consignes de tri.
La couleur du pictogramme est laissée au choix et le contenu du message peut être du texte ou des pictogrammes. Toutes les recommandations par rapport à Triman sont dans ce guide en PDF consacré exclusivement à Triman.
Toutes les informations sur le tri sélectif des déchets en France se trouvent sur le site de Citéo.
Si ce logo n’est pas obligatoire en Belgique, beaucoup de nos entreprises exportent leurs produits en France ou dans d’autres pays. Les entreprises belges doivent donc se plier aux législations en vigueur dans le pays d’exportation.
Sans législation européenne sur les pictogrammes de recyclage, les informations (parfois contradictoires) qui doivent apparaître sur les produits et emballages continueront à causer des cheveux blancs aux producteurs de produits d’exportation.
4. Tidyman et son féroce opposant : la poubelle barrée
Triman ne doit pas être confondu avec Tidyman. Tidyman est aussi un Super Héros des déchets pour la simple et bonne raison que, lui, il met ses déchets à la poubelle.
Ce pictogramme n’est donc pas un pictogramme de recyclage. Il est simplement là pour… rappeler aux gens d’utiliser les poubelles.
Mais la poubelle barrée est-elle l’antihéros de Tidyman ? Absolument pas !
La poubelle barrée veut dire que le matériau ne peut pas être jeté dans une poubelle traditionnelle. C’est le cas des appareils électroniques, par exemple, qui doivent être acheminés vers des collectes de déchets spécifiques.
5. Les pictogrammes sur les emballages plastiques
Le plastique n’est clairement pas la solution la plus idéale pour des emballages écoconçus. Mais puisqu’il existe, qu’il est utilisé et qu’il est parfois incontournable (pour des raisons de conservation, par exemple), il est important de savoir à quel type de plastique on a affaire pour mieux consommer et mieux recycler.
Vous le savez, la matière plastique est un composé chimique à base de pétrole ou de biomasse. Chaque numéro à l’intérieur du triangle correspond à une composition de plastique.
Ces pictogrammes sont issus du SPI coding system (le code américain).
Le plastique est recyclable, parfois même à 100% en fonction de sa composition, mais certains coûts liés au recyclage sont extrêmement élevés (notamment pour la catégorie 6).
La norme européenne veut que 50% des plastiques soient recyclés. En Belgique, nous avons pris les devants et recyclons plus de 51% depuis l’introduction des règles de tri PMC élargies.
Voici les informations complètes sur les types de plastique et des exemples de recyclage : https://www.lemballageecologique.com/symboles-recyclage-emballages-plastiques/
6. Les pictogrammes sur le carton, le papier et le bois
D’autres pictogrammes sont présents sur le carton, le papier et le bois. Ils donnent une indication sur le caractère recyclable ou recyclé de ces matériaux.
Encore une fois, à part l’Ecolabel européen qui atteste de la qualité écologique d’un produit et des labels FSC / PEFC qui signifie que le bois est issu d’une forêt durable, il n’existe pas de consensus européen.
Le bois recyclé est aussi considéré comme durable. Selon le label, il l’est à hauteur de 100% pour le FSC et 70% minimum pour le PEFC.
Ce label “bois” PEFC / FSC est évidemment valable pour tous les produits dérivés du bois, dont le papier et le carton.
D’autres labels existent pour le papier et le carton, mais sont plus rares. Notons, par exemple, le label APUR qui indique le pourcentage de matériau recyclé dans le papier ou le carton. Celui-ci n’est toutefois délivré qu’en France.
7. Les pictogrammes de recyclage pour l’acier, le verre et l’alu
Vous pourriez aussi rencontrer ces pictogrammes-ci :
Ils indiquent que ces matériaux peuvent être valorisés et qu’il convient de les jeter dans des containers spécifiques.
La différence entre les deux pictogrammes de recyclage de l’aluminium :
- Le premier est le sigle américain (comme pour les plastiques)
- Le second est le logo du Comité européen de normalisation qui harmonise les normes (ISO ou la sécurité alimentaire, les normes CE par exemple)
Que faut-il retenir de tout cela ?
En tant que consommateur éveillé, vous pouvez faire de meilleurs choix de consommation. Si le “zéro déchet” n’est pas possible, vous avez la possibilité de choisir le “moins pire”.
En tant que producteur et/ou exportateur, vous devez savoir qu’il faut se tenir au courant des normes européennes, internationales (même si elles sont rares en la matière) et, surtout, de chaque pays concerné.
Les graphistes spécialisés dans le packaging ont, quant à eux, la tâche de rendre tous ces pictogrammes visibles et à les intégrer harmonieusement à l’ensemble. Le graphic designer spécialisé dans l’écoconception sera également là pour aiguiller son client dans la jungle des pictos de recyclage.
Vous avez un projet de packaging et souhaitez que tout soit fait dans les règles ? N’hésitez pas à me contacter. Je serais ravie de pouvoir vous aider.
